Grégory explique :
"- A mon avis, avant, ça devait être un port, mais il a été abandonné.
- En tout cas, moi, cet endroit, ça me donne la chair de poule ! dit Benoît.
- Nous aussi !" répliquent les filles en choeur.
Tout à coup, ils se retrouvent face à un petit homme qui ressemble fortement à un rat. Manon recule avec frayeur et le petit homme crie : "Je suis le roi des Poulpikans ! " en soufflant par ses narines avec une affreuse grimace. Là, Manon tombe évanouie. Quelques secondes après, alors que les autres sont cloués sur place, elle revient à elle et se relève. Les quatre enfants dévisagent le Poulpikan.
Il est très inquiétant avec son nez écrasé, de grands pieds, son corps poilu. Il n'a pas de cheveux sur la tête, il est très maigre... et la peau de rat qu'il porte en guise de cape lui donne un air sinistre.
Grégory essaie d'engager timidement la conversation :
- C'est vrai, mon peuple est affamé mais nous faisons de notre mieux pour survivre."
Cindy sent la très mauvaise odeur dégagée par le Poulpikan et dit :
" Je..."
Benoît lui coupe la parole :
" Vous vous entendez bien avec les autres peuples ?
- Non, pas vraiment car nous vivons dans la vase et nous ne sentons pas bon. Pourtant, nous cherchons des amis."
Le roi des Poulpikans leur explique la longue et difficile guerre contre les Tud Gommons, un autre peuple de Korrigans. Au lieu de les tuer, ils les ont condamnés à vivre à l'endroit le plus triste, dans la vase, au milieu d'épaves. En plus ils doivent leur obéir comme des esclaves. Les Tud Gommons leur ont dit de ne pas rencontrer et de ne pas aider les Teuz de la campagne. Le chef des Poulpikans se sent donc en grand danger car il est en train de leur désobéir. Il préfère indiquer rapidement à nos amis le passage à marée basse qui les mènera chez les Tud Gommons. Celui-ci se trouve entre deux énormes bateaux échoués.
"- Oh ! regardez, je suis pleine de vase !
- Ce n'est pas le moment de se plaindre ! répond le korrigan."
"- Chut, je crois que les Tud Gommons arrivent, restons calmes, dit le Teuz tout tremblant.
- Mais non, moi je crois plutôt que... c'est... Eh, regardez c'est le retour des crabes géants l crie Grégory."
Il attrape un morceau de roche et le leur lance. Effrayés, les crustacés rentrent dans une grotte. Alors, les cinq compagnons continuent d'avancer, mais vraiment très prudemment dans la vase et entre les rochers. Après une longue marche, les enfants s'arrêtent. Manon tend le cou car elle a aperçu une forme étrange dans la brume. Elle fait un pas à reculons et appelle ses amis :
"- Cindy, Grégory, Benoît, ..venez voir!
- Qui y a-t-il, encore ?
- Mais, venez voir !
- En... regardez
- A mon avis, on doit y être l
- Y être. ..où ?
- Bah...chez les Tud..."
Ils les obligent à se diriger vers des îlots de rochers sombres.
"Vous saurez demain, quand vous rencontrerez le chef, si on vous garde en vie !"
Après une nuit pénible, allongés sur le sable humide, dans cette affreuse grotte, les enfants et le Teuz sont emmenés, certainement auprès du chef pour savoir ce qu’ils vont devenir. Ils entrent dans une autre grotte plus grande, plus profonde.
Au fond, dans l'obscurité, le chef de la tribu ordonne :
" Faites approcher les prisonniers !
- Nous ne sommes pas vos prisonniers ! crie Manon
- Oh si ! Et vous êtes condamnés à mourir ! répond le chef méchamment.
- Mais pourquoi ? supplie Benoît.
- Parce que vous êtes entrés dans notre territoire avec un Teuz !
- Mais... nous nous sommes retrouvés chez les Poulpikans qui, eux, nous ont guidés jusqu'à vous, annonce Cindy
- Pourquoi vouliez-vous venir ici ?
- Mon peuple et moi, nous ne voulons que la paix, répond le Teuz "
Après
plusieurs minutes de réflexion, le chef des Tud Gommons annonce :
" Je veux bien vous laisser une chance."
